Comme dans la plupart des villages, lors des fêtes votives, lors de certaines manifestations culturelles, l’animal totémique est promené dans les rues de la cité.
LE CRAPAUD, en Occitan « lou crapau » (prononcer lou crapaou), est l’animal emblémetique du village ; Il est le fruit d’une légende qui s’est transmise au fil des ans, dont voici la version la plus couramment racontée.
La légende du crapaud de Bassan.
Il y a fort longtemps, deux braves villageois s’en étaient allés dès potron-minet, à la demande de leur seigneur et maître de Bassan jusqu’au Domaine de Coussergues, près de Béziers. Ils devaient s’inspirer du modèle d’une nouvelle charrue mise au point par Pierre de Sarret et qui donnait d’heureux résultats pour le labour des terres.
Ils avaient été bien accueillis dans ce village où abondaient bêtes à cornes, chevaux, porcs, brebis et chêvres, un village où l’on forgeait, où l’on tannait les peaux et travaillait le cuir, où l’on fabriquait charrettes et charrues, où s’entassait le bé dans les granges et le vin dans les tonneaux des caves, où séchaient de beaux jambons aux barres des maisons, où l’on cultivait de beaux légumes et de bons fruits, où l’on cuisait du bon pain, heureux village où séchappaient des cheminées de délicieux fumets de soupe aux chous, de saucisse fraîche grillée et de lard fumé…
Un vrai paradis ! mais où, hélas, personne ne les avait invités à partager le repas de midi.
Ils n’avaient emporté que quelques croûtons, quelques harencades trop salées et un peu de vin.
Ils s’étaient attardés à se promeneer dans ce village en ouvrant tout grands les yeux, comme on leur avait recommandé de le faire, sur le matériel qu’on y utilisait.
Au retour, ils se laissèrent surprendre par une nuit noire comme de l’encre de Chine. Plus encore il se mit à pleuvoir ; Ils sortirent de leur baluchon le sac de jute dont ils ne se séparaient pas. Ils rentrèrent un coin et mire « la saco » sur leur tête pour se protéger de l’averse, comme le faisaient alors les Bassanais en pareil cas.
C’est à grand peine qu’ils distinguaient leur chemin. Ils décideront alors de passer la nuit au bord d’un champ où se trouvaient un puits et un énorme figuier chargé de fruits tentants. Ils étaient un peu à l’abri sous les grandes feuilles de l’arbre. La pluie cessa de tomber.
Leur maigre repas de midi était loin et l’estomac sonnait bien creux. Tenaillés qu’ils étaient par la faim, ils se mirent à cueillir les figues. Pour gagner du temps, le plus jeune grimpa dans l’arbre comme un singe et se mit en devoir de secouer vivement les branches. Son compagnon, plus âgé ramassait les figues tombées au sol et les mettait en réserve dans « la saco ». Ils avalèrent ensuite gloutonnement les fruits qu’ils n’avaient jamais trouvés aussi sucrés et délicieux.
Tout à coup, l’un des deux sentit sous ses dents une masse qui lui résistait et qui couinait bizarrement : « as bel cridar, le i pasaràs como las autas ! » (tu as beau crier, tu y passeras comme les autres)
Ce n’est qu’après avoir avalé qu’il se rendit compte qu’il venait d’ingurgiter… un petit crapaud !!
Pendant la nuit, il fut pris de coliques mordantes qui l’entraînent à toute vitesse derrière un buisson au bord du champ pour vider ses entrailles douloureuses. Son compagnon rigolait sous cape heureux d’avoir échappé à la mésaventure.
De retour au village, l’histoire fit rapidement le tour des foyers. On l’appela dès lors « lo manjo grapauds »
Mais les Bassanais n’auraient pas dû en rire. L’anecdote s’échappa et parcourut les villages des environs. Dès lors, dans les fêtes, les mariages ou rencontres, Les Bassanais, quelsqu’ils soient, étaient surnommés « los manjos grapauds » et provoquaient les rires...